Histoire du Château et parcours familial

Le Château de Waroux

Propriété de la Commune d'Ans depuis 2005, le Château de Waroux, reconnaissable de loin par son élégante flèche élancée, ouvre les portes de la Hesbaye et en constitue le point culminant (182 m d'altitude).

Les murs extérieurs, en grès et silex, hauts et hostiles, troués par quelques meurtrières, révèlent l'origine féodale de la forteresse. A l’intérieur, la « salle d’armes » constitue le seul vestige médiéval.  

Le château qui semble avoir été édifié vers 1300, a subi de nombreux sièges et a joué un rôle important dans l’histoire liégeoise lors, notamment, de la guerre des Awans et des Waroux qui, dans la première moitié du 14ème siècle, décima la chevalerie hesbignonne.

Alors qu’au début du Moyen Age, il ne devait être qu’un simple donjon, le château fut agrandi,  au fur et à mesure des possibilités financières de ses propriétaires successifs, par des constructions alignées en hexagone autour d’une cour centrale. Son implantation hexagonale, très rare, a été maintenue jusqu’à nos jours.

Ses possesseurs successifs furent les Waroux du 12ème au 13ème siècle, les Warfusée du 14ème au 15ème siècle, les Mérode de Waroux, aux 16 et 17èmes siècles, les Clercx de Waroux aux 18 et 19èmes siècles, la famille Everard de Harzir au 20ème siècle.  La Commune d’Ans, en date du 12 janvier 2005, a racheté le domaine au docteur Léon Janssis, qui en était propriétaire depuis 1986.

Les transformations les plus marquantes datent de la période d’occupation des Clercx de Waroux.

Michel Clercx, chanoine de la cathédrale St Lambert, acquit le domaine fin du XVII, début XVIII siècle. Pour la première fois, le propriétaire est issu d’une famille de bourgeois et non de nobles. Un de ses frères, Mathias, aussi chanoine de la cathédrale, acquiert en 1715 le château d’Aigremont. Les Clercx étaient en effet, l’une des familles les plus influentes et les plus riches de l’époque. Entre les 2 châteaux, de nombreuses similitudes s’expliquent par le passage des ouvriers, artisans et artistes d’un chantier à l’autre.

Pour la période allant de 1713 à 1830, Waroux offre de beaux exemplaires de styles rococo et néoclassique. Si le mobilier a entièrement été emporté à Aigremont, la décoration de certains salons, la construction de la chapelle et des éléments d’architecture néoclassique sont toujours bien visibles.

A l’intérieur du château, quatre pièces méritent une attention particulière de par la décoration picturale, les boiseries, les cheminées : la chapelle, la salle Saint Hubert, la salle des mariages et la grande salle « Lovinfosse » 

A l’instar du grand hall du château d’Aigremont, la magnifique décoration en trompe l’œil de la chapelle est attribuée au peintre hutois Jean Delloye vers 1720. Aménagée à l’étage du château, elle est composée d’un chœur percé de 2 ouvertures latérales et d’une petite nef terminée en son extrémité par une fenêtre à croisée et à meneau ouvrant sur la cour intérieure. Les trompe-l’œil de corniches, de tentures ou d’angelots, y côtoient des motifs décoratifs caractéristiques de la première moitié du XVIIIe siècle : coquilles, feuillages, palmettes etc. ainsi que des trophées d’instruments de musique. De faux marbres en panneaux géométriques, des colonnes, des pilastres, des corniches, des moulures et des écoinçons ornés de motifs végétaux terminent la décoration.

Au pied de la cage d’escalier du donjon, la salle « St Hubert » de taille moyenne, possède une magnifique cheminée sculptée, réalisée parallèlement à la décoration de la chapelle et aux transformations architecturales de Waroux au XVIIIe siècle. Le travail du bois est de grande qualité. L’exubérance des courbes, des galbes, des feuilles d’acanthe, des coquilles et des motifs asymétriques est caractéristique du style rococo liégeois. 

Le manteau de la cheminée est orné d’une représentation de la conversion de saint Hubert. Les dessus de porte de cette salle sont ornés de deux magnifiques toiles aux contours mouvementés. On y aperçoit deux amours au milieu de fleurs et de drapés. Le premier, symbolisant la peintre, tient à la main, une palette et un pinceau. Le second, jouant de la harpe figure la musique. A l’instar de Jean Delloye pour la décoration de la chapelle, on peut se demander si d’autres artistes d’Aigremont ne sont pas venus travailler au château de Waroux. 

Cette représentation de saint Hubert nous fait en effet penser aux compositions visibles sur les cheminées et les dessus de porte du château d’Aigremont, peintes par l’entourage d’Englebert Fisen. Né à Liège en 1655, et après un apprentissage chez Bertholet Flémal, Fisen entreprit le traditionnel voyage en Italie. Peintre essentiellement religieux, à l’âge de 24 ans, il était le seul peintre liégeois de valeur qui pouvait satisfaire aux commandes très nombreuses de la fin du XVIIe siècle et du début du XVIIIe siècle. On estime généralement qu’Englebert Fisen a réalisé en cinquante ans de carrière, environ huit cents tableaux, dont cent trente sont recensés à ce jour.

La décoration de la salle dite des Mariages date de la même époque. Située dans le donjon, au-dessus de la salle d’armes, elle est dénommée ainsi suite au rachat du château par la commune d’Ans en 2005, c’est là que se déroulent les cérémonies de mariages.

Durant l’occupation du XVIIIè siècle, la présence d’une alcôve laisse supposer qu’il s’agissait d’une chambre s’ouvrant sur le parc. La décoration de stucs est particulièrement délicate. Flanqué de pilastres cannelés aux chapiteaux en feuilles d’acanthe, le manteau de la cheminée est orné de guirlandes de fleurs et de fruits, suspendus par un ruban factice.

On notera aussi au rez-de-chaussée une grande pièce entièrement recouverte de toiles peintes à la fin du XVIIIè siècle (malheureusement non visible pour l’instant): la salle « Lovinfosse » du nom de son auteur, le peintre liégeois Pierre-Michel de Lovinfosse, qui a pour sujet de prédilection le thème des amours. Pierre-Michel de Lovinfosse a été largement influencé par l’art français, et notamment par le style d’Antoine Watteau, peintre le plus représentatif du courant.

Au XVIIIe siècle, les Clercx entreprennent la restauration de Waroux. Ils gardent les façades extérieures médiévales et le donjon et mettent au goût du jour essentiellement les façades entourant la cour intérieure. La construction est en brique avec deux niveaux de baies en calcaire de Meuse, à croisée et à meneau, à montants et linteau droits. De longs bandeaux plats horizontaux en calcaire relient les linteaux et les appuis de chaque fenêtre. L’élévation se termine par une belle charpente en ardoise, reposant sur des blochets et un bandeau plat en calcaire. Plusieurs baies ont gardé leur structure du XVIIIè siècle, alors que d’autres ont vu leur croisée enlevée à une époque postérieure.

La façade du donjon côté jardin, a été complétée par un portique rectangulaire dont les colonnes doriques soutiennent un vaste balcon sur ses trois côtés, le garde-corps en  fer forgé est orné de l’aigle des Clercx. (Petit péristyle Empire).

Enfin, il y a, en contrebas du portique du XIXe siècle donnant sur le parc, proche des anciennes douves, une glacière sous tertre planté. La porte d’entrée s’inscrit dans une façade monumentale en briques rouges ornée d’une niche en pierre calcaire encadrée de faux pilastres engagés.

Le parc est aménagé sur un dispositif paysager, les plantations forment un anneau décoratif ceinturant la grande surface gazonnée au sud du château, incluant de grands arbres dont parmi les sujets les plus importants, on trouve des châtaigniers, érables, hêtres et des tilleuls.

* Parcours familial "à la découverte des origines féodales du château "
Ce parcours est accessible lors des expositions, du mardi au dimanche de 14 à 18 heures.

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